Situé au pied des remparts récemment restaurés et du sentier de Bellevue, le jardin des Remparts est un jardin d’inspiration médiévale créé durant l’hiver 2004 par des bénévoles de notre association. Il a été officiellement inauguré en 2006.
Il est accessible par la rue des Palmas, la rue Montafilant (via le chemin à la vache) ou par le sentier de Bellevue qui longe les anciennes fortifications. Réalisation du jardin : Pierre ROULEAU, Claude GUYOT, Germain ROUFFORT et Pierre GAROUIS.
Le jardin des remparts réunit quelques exemples de plantes que l’on pouvait trouver dans les courtils médiévaux, des potagères, des aromatiques, des médicinales et des fleurs.
Une partie de notre équipe 2011 de jardiniers (de gauche à droite) : Odile Garouis, Hervé Lahaye, Patrick Barré, Mireille Barranger, Michel Garouis, Pierre Garouis et Michel Calvet.
Légumes Feuilles
L’Arroche (« adripia », capitulaire de Charlemagne). Cette « herbe à pot », très utilisée au Moyen Age, a progressivement été remplacée par l’épinard. On la considère aujourd’hui comme une mauvaise herbe.
La Bette (« Porée de bettes qui est lavée, puis mincée et pourboulie… », Le Ménagier de Paris). Elle entrait dans larecette d’un plat très prisé, la « porée », composée à l’origine de poireau. Elle lui doit son autre nom, la poirée.
L’Arroche Bon-Henri (« En arroches ou en letues que l’on va criant par les rues », Dit de la Maille, 13ème siècle). Ses feuilles en forme de lance se consomment cuites. Elle était sans doute plus souvent ramassée dans la nature que cultivée dans les jardins.
La chicorée (« Intuba », capitulaire de Charlemagne). Ses jolies fleurs bleues qui suivent le soleil lui ont valu son autre appellation médiévale de « solsequium ». Le goût amer de cette salade était assez apprécié.
Le Chou (« Choulx sont de cinq manières : les meilleurs sont ceulx qui ont esté férus de la gelée… », Le Ménagier de Paris). Apprécié au moins depuis l’Antiquité, c’est sans doute la « potherbe » la plus populaire du Moyen Age. Son aspect devait être assez proche du chou vivace de Daubenton cultivé ici.
Le Cresson alénois (« Nasturtium », capitulaire de Charlemagne). On pouvait le cultiver et le ramasser en fin d’hiver, ce qui en faisait un légume de carême. Son nom latin, issu de « nasus tordus », s’explique peut-être pas sa saveur piquante…
La Livèche (« levisticum », capitulaire de Charlemagne ). Cette grande ombellifère n’existerait pas à l’état sauvage. Sa culture aurait été propagée par les moines bénédictins. Ayant un goût de céleri, elle était une herbe à pot, une condimentaire et une médicinale (apéritive).
L’Oseille (« Acetosa »). Son nom latin provient de la racine aceto qui signifie vinaigre. Sa saveur acide et sa couleur verte la faisait utiliser dans les sauces, à la place du verjus.
Les utilitaires
Le Houblon.On peut consommer ses pousses comme des asperges, mais on l’uti- lise surtout pour parfumer la bière. Ste Hildegarde de Bingen (XIIème s.) précise même que « grâce à son amertume, il arrête la putréfaction de certaines boissons auxquelles on l’ajoute, si bien qu’elle se con- servent plus longtemps ». C’est une plante bénéfique puis- qu’elle s’enroule autour de son support dans le sens des aiguilles d’une montre…
Les fleurs
L’Ancolie. Ses fleurs en forme de becs d’aigle expliquent son nom latin «aquilegia». Elle est très souvent représentée dans les miniatures ou les tapisseries médiévales.
La Centaurée. Cette espèce vivace (« macrocephalla »), originaire d’Arménie et de Turquie, porte en juin de gros capitules jaunes sur une base de bractées brillantes brunes, en forme de massues.
La Fritillaire Impériale. Originaire de l’Empire Ottoman elle n’est apparue dans nos jardins que dans la deuxième moitié du XVIème siècle. D’abord appelée Lis de Turquie elle reçut plus tard le nom de Couronne Impériale, en référence aux empereurs du St-Empire Rom Germanique.
La Rose des Apothicaires. Ramenée de Terre Sainte en 1250 par Thibaud de Champagne elle était capable de guérir plus de trente maladies. Elle a été cultivée à grande échelle dans la ville de Provins dont elle porte parfois le nom.
Les officinales
L’Absinthe. Déjà connue des Égyptiens et des Celtes cette plante médicinale était réputée fortifier l’estomac et aider à la digestion. Sainte Hildegarde de Bingen (XIIème s.) l’utilise avec la Rue fétide et l’Hysope pour éliminer les vers des oreilles. La production et la consommation d’alcools à base d’absinthe ont été interdites en 1915 à cause de leur toxicité sur le système nerveux.
L’Aneth. Herbe officinale importante elle était déjà utilisée par les Égyptiens il y a 5000 ans. Elle calmait le hoquet, soulageait les maux de tête et éloignait le mauvais sort.
L’Angélique. Aujourd’hui cultivée pour son utilisation en confiserie ou en liquoristerie, elle était réputée résister aux venins de toutes sortes et aux morsures de chien enragé. Mais c’est surtout son efficacité contre la peste, révélée par un ange, qui la rendit populaire. Aussi appelée Menthe Coq elle servait au Moyen Âge à aromatiser la bière. Également appelée « Menthe de missel » on en plaçait une branche dans son livre de messe pour soulager les digestions difficiles pendant les vêpres !
La Camomille. Les Égyptiens s’en servaient déjà pour combattre fièvre et épidémie ; elle sert aujourd’hui à donner de l’éclat aux cheveux blonds.
L’Hysope. Citée dans le psaume 51 (« Traitez- moi avec l’hysope et je serai purifié, lavez-moi et je serai plus blanc que neige ») on s’en servait au Moyen Age en bain contre la lèpre.
La Joubarbe des Toits. Dans son Capitulaire « De Villis » Charlemagne conseille de cultiver la joubarbe pour éloigner la foudre des toits. Son nom signifie d’ailleurs « Barbe de Jupiter », dieu romain maître du tonnerre… St Albert le Grand rapporte une légende selon laquelle celui qui se frotte les mains avec de la joubarbe peut prendre un fer rouge sans se brûler…
La Mélisse. Plante officinale très précieuse elle soulageait les tensions, soignait les blessures et les morsures de chien, apaisait les maux de dents et les torticolis, évitait les malaises pendant les grossesses et luttait contre la calvitie ! Son nom provient du grec « Melissa » qui signifie « abeille ». Elle est encore employée de nos jours dans la fameuse « Eau de mélisse des Carmes».
La Rue fétide. Plante abortive et anaphrodisiaque la rue fétide était, selon certains auteurs, « incisive, atténuante, discussive, propre pour résister au venin, pour fortifier le cerveau, pour exciter les mois aux femmes, pour abattre les vapeurs, pour la colique venteuse, pour les morsures des chiens enragés et des serpents… ». Le Mesnagier de Paris (XIVème s.) donne une recette d’omelette parfumée à la rue, bien que celle-ci soit extrêmement amère et allergisante….
La Sauge. Herbe sacrée pour les Romains, sa cueillette avait lieu selon un rituel précis. Son nom dérive du latin « Salvare », -sauver-, car on lui attribuait de nombreuses vertus : elle augmentait la longévité, stimulait l’intellect et agissait contre les morsures de serpent. Le vin de sauge était très prisé au Moyen Age.
Un fascicule présentant les différentes plantes présentes au jardin des Remparts est disponible gratuitement à l’Office de Tourisme du Val de Braye à Montmirail pendant la saison estivale.
Avant les travaux, l’endroit était un terrain communal abandonné.
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